Je ne trouve pas le sommeil. Trop de choses se sont passées ce soir. Trop de pensées se bousculent dans ma tête. Je dois faire le tri ou au moins m'épancher. Je me lève dans 5h mais quelle importance? écrire ou penser, cela me prendra le même temps et me tiendra éveillée de la même façon.
Ce soir, j'ai revu J. pour la première fois depuis 3 mois, depuis que je vis à nouveau à Strasbourg. Nous sommes allés manger tous les deux. Nous avons beaucoup discuté et ri. Il est si facile d'accès, je le connais si bien, il me connait si bien. Cette complicité et cette proximité qui ne disparaîtront certainement jamais.
J'ai cependant eu la mauvaise idée de lui demander si cela n'était pas trop difficile pour lui. Tout ce ramdam pour me rendre compte que c'est pour moi que c'est un peu difficile au final, que c'est moi que cela chamboule au plus haut point. Je me retrouve face à lui, les larmes aux yeux, ne sachant plus comment dire les choses que j'aimerais rendre dicibles pour lui. Je lui parle du manque, du trou qu'il y a dans ma vie et que je ne parviens pas à combler. Je suis heureuse ou j'en ai l'air... ou je n'en sais plus rien. Il me regarde avec ses yeux pleins de tendresse et me prend dans ses bras. Il m'étreint et je suis perdue.
Je ne sais pas où je vais demain. Je ne sais pas quelle genre de femme j'ai envie de devenir.
Et voilà que se rajoute cette discussion avec T.
Mon comportement le gène. Il le trouve ambigu. C'est trop. Je le sais, je le sens. Pourtant, j'ai persisté et je me sens pathétique. Je ne lui ai pas dit. Je me sens perdue alors je tente de me retrouver du mieux que je peux, dans les autres. Cela faisait un moment que je n'avais pas eu l'impression de vivre au travers des autres, pour les autres, d'avoir besoin de la reconnaissance du monde entier pour exister, de l'appréciation de ceux qui m'entourent pour avancer.
Ce côté charmeur qui fait partie de moi est une vraie malédiction lorsqu'il est couplé à ce que je traverse en ce moment. "Ce que je traverse" et que je ne peux pas expliciter parce que je ne sais moi-même pas de quoi il s'agit. Je lui suis reconnaissante de me l'avoir dit durement. Je ne veux pas qu'on me claque une porte à la gueule comme il a écrit. Mon intention n'était pas de l'embarrasser, pas du tout. Juste être appréciée par lui, peut-être malsainement un peu plus, pour me sentir mieux. Quelque chose de bien anodin. Ce n'est que justice. I brought this on myself.
Il est temps de cesser tout ceci. J'ai l'impression d'écrire encore et encore les mêmes choses, de redire mille fois les mêmes mots sans jamais parvenir à les transcender, à les faire acte. Je ne sais pas comment créer du réel à partir de ma pensée, pas pour moi-même, pas seule. J'ai peur d'être seule.
J. a écrit: " Je persiste et je signe. La mère de mes enfants, c'est toi ou c'est personne"
Voilà quelqu'un qui me trouve "charmante" plus que jamais malgré tout ce que je lui ai fait subir. Je suis bouleversée à nouveau. Il va venir pour l'anniversaire de R. et d'un seul coup, me voilà complètement désemparée face à cette idée.
J'ai besoin de m'échapper mais on n'échappe pas à sa vie et encore moins à sa vie intérieure. Torturée, mouvementée, incessante.
Je suis là, assise les jambes croisées sur mon lit, mon genou droit douloureux, à écrire, des larmes sur les joues, le nez coulant, des frissons car la fenêtre est ouverte, à 1h20 du matin.
Mon nez me pique et je n'aime pas le morceau de Yann Tiersen qui sonne dans mes oreilles, il ne convient pas à mon état d'esprit, trop sautillant.
Nuit.