J'ai passé les journées d'hier et d'avant-hier à ruminer, à tourner et retourner la situation parce qu'elle n'était pas claire. Quand les événements ne font pas sens pour nous, comment diable peut-on les laisser de côté ?
Personnellement, je ne peux pas le faire. Et pour moi, ce n'était pas clair. Au point que j'en suis devenue fâchée contre lui et tout ce qu'il me fait subir indirectement. Il ne suffit pas de parler pendant des heures et de tourner autour du pot en espérant que cela devienne clair. Pour en parler, nous en avons parlé. Cela dit, dans les termes utilisés et choisis, le doute est resté entier. Et, lorsqu'on est attaché à quelqu'un sur le plan émotionnel, ne va-t-on se raccrocher à tout ce qu'il est possible pour se convaincre qu'il y a une possibilité ? quelque chose de plus à y voir?
Hier, ma rancœur était trop forte. Je suis sortie boire une verre avec une amie et j'ai passé un très bon moment. Cela dit en rentrant j'étais ce qu'on appeler d'humeur orageuse. J'étais remontée à l'intérieur sans vraiment savoir pourquoi. Simplement parce que je me sentais dans le flou, forcée de faire des choix, de prendre des décisions qui n'étaient pas pour moi. Et pourquoi ?
Parce que j'avais l'impression d'être au clair et devoir gérer son incertitude.
Je me suis fâchée contre lui enfin.. Je lui ai fait comprendre qu'il fallait en discuter parce que cela me pesait. Cela s'est terminé en une discussion au téléphone à minuit. Cela a duré 20 minutes mais les 5 premières minutes ont suffi à désamorcer la situation.
Je lui ai dit qu'il n'était pas au clair et que cela me mettait dans une situation désagréable que je ne pouvais pas gérer. Il a juste eu à répondre: Mais moi, je suis au clair.
Et les liens qui manquaient pour que cela soit intelligible se sont faits. Il est au clair. Il n'a pas paru l'être par peur de me blesser ou de me perdre mais il est au clair. Pendant deux mois, je me suis raccrochée à des espoirs vains parce qu'il voulait y aller doucement et parce que j'ai joué la fille forte et en contrôle.
Il y a des choses que je dois changer.
C'est bien d'être passionnée et impulsive mais quand on ajoute à cela une grosse dose d'impatience... c'est fichtrement explosif. Ça rend fou.
Bref, il m'a dit ça. Tout simplement. Et j'ai pleuré. Je n'avais pas pleuré encore depuis le bazar qu'on a commencé à mettre entre nous. Ce qui signifiait que ce n'était pas clair pour moi. J'ai la larme drôlement facile donc c'était sûr. Je m'étais d'ailleurs fait la remarque, que c'était étrange de n'avoir pas encore pleuré alors je pleure pour tout et n'importe quoi, tout le temps. (Bien que je n'ai pas pleuré des masses ces derniers temps).
Il n'a jamais douté. Dire " Rationnellement, je devrais être avec une fille comme toi" ne voulait pas du tout dire " une partie de moi voudrait être avec toi", c'était simplement un constat, sorti d'une réflexion logique. Le pauvre ! Comment pouvait-il se douter que j'allais le prendre ainsi? Que j'allais me nourrir de ses réflexions pour empirer l'état de mon émotionnel par rapport à lui ? Il ne pouvait pas. S'il avait su, je crois qu'il aurait réfléchi bien davantage à ces propos.
Je m'en veux de lui avoir fait subir tout ça, de lui avoir donné une image de moi si négative, celle d'une hystérique, celle d'une personne que je pense ne pas être. Le doute nous met dans des positions délicates tout de même.
Désormais, que dire de mon ressenti? Je suis apaisée, c'est certain parce que je sais comment regarder ce lien qui nous unit. Il n'y a qu'un point de vue, qu'une seule possibilité et ce n'est pas une difficulté de l'accepter. Je tiens à lui en tant qu'ami en premier lieu puisque c'est ce qu'il est: un ami très intéressant et intelligent avec qui j'éprouve beaucoup de plaisir à discuter et à passer du temps. A partir de ce constat, que faire de mon ressenti? Accepter que les relations hommes-femmes ne sont pas toujours faciles, que parfois on ne sait que faire d'un lien qui semble plus fort que prévu ? Je vais certainement avoir besoin d'un petit peu de temps pour que tout cela s'estompe mais je ne suis pas têtue sur des détails comme cela. Je trouve cela irrespectueux de s'acharner à vouloir se faire "aimer" de quelqu'un alors qu'on sait que cela n'arrivera pas. Ce n'est pas ainsi que cela fonctionne.
Je suis étonnée qu'il veuille encore être mon ami. Vraiment un chic type.
C'est marrant. Je repense à ce que C. m'a dit vendredi soir alors qu'on était enfermé dans la salle de bain. Il me faisait son grand discours sur le temps qu'il faut laisser aux gens pour qu'ils se réveillent. C'est des bêtises tout ça. Il faut que ça fonctionne quand on le sent, pas qu'on se languisse pendant des années en espérant qu'une personne tournera les yeux vers nous. Il s'agit de lui ouvrir les yeux du mieux qu'on peut. Si cela n'arrive pas, alors c'est que cela ne devait pas arriver tout simplement. Qu'on n'est pas la "bonne personne", que ce n'est pas le bon moment. L'émotion, ça ne se réfléchit pas, ça ne se rationalise pas. Vouloir raisonner avec les sentiments, c'est tuer la spontanéité de l'émotion, c'est la dénaturer. On se sent comme on se sent parce qu'on doit se sentir ainsi à ce moment. L'esprit est comme le corps, d'après moi, il a ses besoins et ses envies. Parfois on voit clairement où il veut nous mener et pourquoi. D'autres fois, on avance dans le noir et on se cogne à un mur avant de se rendre compte qu'on avait juste fermé les yeux.
C'est sur les faits qu'on raisonne, sur ce qu'on fait de nos sentiments, sur la façon dont on essaie de concrétiser l'abstraction qu'est l'émotion. On peut déduire de façon cartésienne des conséquences d'une action guidée par nos émotions. Oui. voilà ce que je pense.
Chacun devrait prendre le temps de se regarder parfois et d'analyser, avec un filtre dénué d'affect, les décisions prises chaque jour. J'ai la conviction que cela peut nous aider à agir de façon plus aguerrie par la suite.
Je me rends compte que j'ai écrit de longues phrases bien pompeuses. J'espère qu'elles sont compréhensibles.